Après avoir dévoré comme un orgre, l’excellente choucroute préparée par le MCCMA (club de Charleville organisateur de la Trans), il est minuit et il est temps d’aller se coucher.
Après avoir avalé un sachet d’aspégic , je m’endort comme une masse
Le réveil sonne déjà, il est 7 heures du mat. Je m’étire dans mon lit, et curieusement, je ne ressent quasiment aucune douleur musculaire. Est ce que la préparation physique démarée il y a un mois, porterait elle ses fruits ?
Je me lève préparer mon petit déjeuner acompagné d’un bon café, un pain au chocolat et d’une barre de céréales. Je remplis mon camelbac d’eau et de vitamine « made in Décathlon », et me voilà prêt pour redemarer la Transardennaise, conflé à bloc.
Il est 7h45 heures quand je monte dans l’Ax rejoindre Laurent devant le Parc, arrivé à 8 heures. Nous allons enfiler notre tenue de combat qui ont eu le privilège de sécher toute la nuit dans un local surchauffé. Nous allons rejoindre nos motos rangées dans le parc, toutes aussi sales les unes que les autres et qui ont passées la nuit au frais et sous une pluie battante… J’essaie de démarrer mon 250, qui je l’avoue à connue quelques difficultés à démarrer. Je rejoins Laurent qui a déjà pointé sa sortie, attendre nos 2 compères qui se font prier au départ.
Enfin, nous sommes à nouveau réunis pour une nouvelle aventure longue de près de 190 km. Les visages sont marqués de la veille, mais la volonté de chacun et le soleil qui pointe le bout de son nez, laisse présager une belle journée.
Il est déjà 8h45, quand nous partons, donc quasiment dans les derniers. Laurent, le plus véloce des 4, nous a prévenu, veut rouler à sa main (sans forcement nous attendre)
Nous restons ensemble, sur la partie bitume, jusqu'à l’apparition des 1ers sentiers dans les alentours de Warcq. Ca y est Laurent s’est déjà envolé, nous ne le reverrons plus… Et comme à mon acoutumé, je ferme la marche de notre groupe restraint de 3. Le depart est assez tranquille, surtout que le temps est nettement plus clément que la veille…
Ca y est, nous rencontrons les 1eres difficultés. Les grimpettes sont plus raides, et les descentes plus folles que la veille. Je laisse partir mes 2 compagnons, plus en forme que moi, car au bout de 30-40 km, je commence à ressentir la fatigue de la veille. Ca ne fait rien, je m’inserre dans de petits groupes pour rouler avec eux. Le temps d’un CP, pour retrouver Eric et Jean Marc, pour leurs signaler que je n’ai plus de frein arriere. Nous venons de faire à peine 50 km, je me tate pour abandonner, Un petit coup d’œil a 3 sur mon etrier et mes plaquettes arriere, dont il est difficile de voir quoi que ce soit, au vue de la boue et de l’herbe qui est collé dessus. C’est décidé, je n’arrete pas encore, il me reste mon frein avant et mon frein moteur.
Nous repartons tous les 3, aucune nouvelle de Laurent, qui à notre avis est loin devant, s’éclatant comme un jeune fou, sans ses 3 freins moteur…
Eric et Jean Marc passent devant moi, et roulent à leur rythme, je ferme encore une fois la marche.
Les dificultés s’enchainent, il faut pafois si reprendre a 2 ou 3 fois, dans des montées infernales. Le terrain est glissant, la terre meuble, les racines glissantes, et les pieges nombreux. Les bourbiers sont longs, mais aucun ne me resistent : aucun calage, aucune chute, ce qui me facilite la tache. Je rigole, quand je vois des gars me doubler a fonds de balle, et 20 mètres plus loin se vautrer dans un bourbier sans fonds. Je rencontre de nombreux pilotes à coté de leur moto, dans l’attente d’un remorquage suite un problème technique, d’autres sont assis à coté de leur machine, rongés par la fatigue. Et moi, insousciant, sans frein et avec un ralenti qui me joue aussi des tours, je continue à mon rythme tranquillement mon bonhomme de chemin.Ma devise : Menager sa monture, c’est aussi préserver son homme…
Ca y est il est presque 14 heures, quand j’arrive au CP prendre mon casse croute. Je rejoins Jean Marc et Eric qui finissent de manger, et j’entrevois « Le Laurent volant » qui chevauche deja sa monture, pour repartir de plus belle. Je profite de cet instant de repos, pour m’enfiler le cassecroute, un coca, et remplir mon cameback qui commencait à être bien sec. Nous prenons le temps de discuter un peu, et décidons de rouler ensemble.
¾ heure de pause, un peu plus pour eux, et nous voilà reparti pour l’aventure, avec un seul objectif dans nos esprits : terminer coute que coute.
Je pars pour une fois le 1er en temps qu’ouvreur (ce n’est pas dans mes habitudes). Le repas m’a redonné des forces suffisantes, j’ouvre les gazs un peu plus que d’habitude, je ne me retourne pas de trop, sachant que mes 2 acolytes doivent me sucer le pneu arriere. Au bout de 3-4 Km, je décide de me retourner et aucun des 2 ne me suivent. Serais je devenu bon, ou simplement plus rapide qu’eux ? A la lumiere d’un chemin, je décide de couper le moteur pour les attendre. Au bout de 5 bonnes minutes, Eric et Jean Marc apparaissent. Jean Marc tire une tronche épuisée, il n’arrive pas à de débarrasser d’une migraine pesante, sans doute liée à la fatigue. Prudent, il décide de continuer par la route, et de rentrer tranquillement. Eric et moi, très fatigués également, décidont de continuer l’aventure. Et quelle aventure !
Et nous voilà repartit pour la difficulté des difficultés : La tourbiere : longue de 300-400 mètres, je me souviens y avoir laissé des plumes l’année précédente avec mon 250 KLXR.
Eric part le 1er, assure comme un malade sur les ¾ de la tourbiere, et comme à son habitude retrouve ejecté de son 400 XR et finit par se vautrer dans un tas de boue. Tout comme lui, je m’avale sans probleme les ¾ de la tourbiere, et quasiment à son niveau ma WRF se retrouve tankée et bloquée dans une orniere large comme le pneu avant de ma moto et d’une profondeur recouvrant le haut de mon kick. Impossible d’avancer, la roue arriere tourne dans le vide et impossible de la bouger de droite vers la gauche. Je décide alors de filer un coup de main à Eric à remonter sur sa moto et se sortir de ce petrin. Une fois sa moto dégagée, Eric vient m’aider à dégager ma moto, en la couchant une fois à droite, puis une fois à gauche, puis la dégager complétement de l’orniere, pour repartir juste à coté. Miracle, ca c’est relativement bien passé pour tous les 2(BVR, tu m’avais expliqué la veille que la grosse quantité de pluie qui s’etait abattu sur la région, devait rendre la tourbiere plus accessible aux pilotes. Je confirme : tu avais entierement raison). Par contre, quelques pilotes attendront la dépanneuse, la tourbiere aura encore fait ses victimes cette année.
Quelques kilomètres plus loin, nous arrivons à un CP, pour manger une barre, boire un peu, pour Eric tailler la bavette avec une controlleuse sur les mérites des motos de route. N’étant pas mon sujet de prédilection, je vais m’asseoir à coté de 2 Belges, fatigués, motos HS, mais heureux d’avoir participé à la Trans. J’en profite pour demander au contrôle des nouvelles du n°81 (Laurent), et ils nous répondent qu’il n’a pas pointé son passage. Je suis étonné tout comme Eric, l’aurions nous dépassé, peu probable, auraient ils oublié de le pointé, impossible me répondent ils, l’option abandon se profile, sans plus de réponse. Nous resterons dans le flou jusqu’à notre retour.
Ca y est, il faut repartir, la rando n’est pas fini et comme nous ne sommes pas dans les 1eres, il ne faut pas trainer. Encore des bourbiers, des mares à canards, des grimpettes, des descentes. Nous doublons encore des concurrents épuisés, des motos hors course. Et pour nous tout continue d’aller, sauf qu’Eric a de plus en plus de mal à kicker sa moto (fatigue) et moi de plus en plus de dificulter à tenir debout sur ma WRF (fatigue aussi)
Nous arrivons, sur une descente abrupte, avec un virage en épinble combiné d’un dévers pointant vers le vide. Eric se lance dans la pente, se loupe complétement et reste couché a coté de sa moto, sans bobo, mais raide fatigué. Je m’élance à mon tour, à pas de souris, bloquant légérement mon frein avant (pas evident).J’arrive à rejoindre, j’arrive à passer le ruisseau et à enquiller dans la foulée la grimette courte mais raide qui nous amène directement sur un bout de route. Je redescent à pied, donner un coup de pouce à mon collègue de fortune. Nous positionnons difficilement la moto dans le ruisseau, Eric redemarre difficilement sa moto, et finallement arrive à se sortir pas trop mal de ce piege…
Il est déjà tard, et nous arrivons à un nouveau CP pour le dernier ravitaillement moto. Il nous est dit que nous avons fait le plus dur, et qu’il nous reste une trentaine de bornes à couvrir, sans grandes difficultés.
Facile à dire, quand on est raide-cuit. Nous ne rencontrerons plus de grands bourbiers, ni de grandes montées glissantes ou caillouteuses, mais des chemins parsemés d’ornieres. Pour moi, ca devient tres difficile, la pluie commence à tomber, et nous arrivons au dernier CP à Nouzonville, plus un chat. Nous devons être même derriere les motos balais, un reccord…
Ca ne fait rien, il est au alentour de 20 heures, et nous continuons notre bohomme de chemin. Notre unique ojectif = TERMINER
Il doit rester environ 3 km à parcourir, j’ai du mal à conduire ma moto debout, mes jambes ne me tiennent plus, la moto part de droite à gauche. Quand tout à coup, je chute non méchament. La moto tombe sur moi, et d’un seul coup, et dans la chute ma jambe se tord. Une forte douleur envahie l’ensemble de ma jambe droite, du genou au pied. J’essaie aussitôt de me redresser, et c’est impossible, la douleur est trop importante. Je pense tout de suite à l’entorse du genou. Eric, est loin devant moi, j’espere qu’il va revenir m’aider, car je ne peut pas me relever et prendre appuis sur ma jambe droite. Assis dans les blés, j’attends patiement 5 minutes, et je vois Eric au loin faire demi tour. Ouf, il ne me laisse pas tomber. La pluie commence à tomber, je me relève difficilement avec son aide, et il relève ma moto, m’aide à monter dessus, cale mon pied endolori sur le cale pied, et je repart à moins de 10 à l’heure, ratraper la route à Montcy, pour rejoindre le Parc. Ca y est nous avons fini la Transardennaise, et affolé tous le monde qui nous attendaient. A l’arrivée, diagnostic, de ma blessure = entorse du genou. Le lendemain, il me sera trouvé une déchirure musculaire du mollet sur plus de 10 cm. Immobilisation de la jambe pendant 4 semaines. Maintenant avec un certain recul, je peux dire que ce fut difficile physiquement, parfois extenuant, et qu’il est necessaire, d’avoir une excellente condition physique.
VIVEMENT L’EDITION 2008